LES MAINS DE CATHERINE THIRY
L’œuvre sensuelle et spontanée de Catherine Thiry naît de la rencontre des mains du sculpteur avec la terre. C’est dans ce dialogue tactile qu’elle puise son inspiration ; « Je ne choisis pas mes sujets, ils s’imposent », nous confie-t-elle. Catherine modèle la terre selon sa technique si particulière, faite de reprises, d’épaisseurs et d’irrégularités qui valorisent la matérialité de l’œuvre. Une fois le geste terminé, l’artiste confie son travail à sa fonderie partenaire. Cette dernière emploie le procédé de la cire perdue pour rendre fidèlement les beaux accidents du modelé, dans un bronze qui semble animé. Y apparaissent les aspérités, les volumes, et même les empreintes digitales de l’artiste, témoignages de la rencontre magique entre ses mains et la terre glaise.
Lorsque l’œuvre naît, Catherine ne sait pas ce qui va émerger de la terre. Elle raconte :
Ce qui s’exprime est au-delà des mots et de mon conditionnement. Je n’écoute que mes sensations et j’essaye d’éviter au maximum d’avoir un avis, une pensée ou un jugement sur le résultat.
C’est le geste qui me guide vers ce qui est neuf à chaque instant, la vie !
Et la danse avec la terre me conduit là où plus rien n’a d’importance sauf l’intensité du présent.
Le titre vient après, parce que j’ignore tout ce qui va être dit pendant la création… Comme disait Edward Hopper : « Si vous pouviez le dire avec des mots, il n’y aurait aucune raison de le peindre. »
Donner un nom, un titre à ce qui se joue au cœur de l’atelier est dérisoire à mes yeux.
J’essaye juste qu’il n’abîme pas la sensation que j’ai eu la joie de connaître, en vivant cette expérience. Je voudrais que l’œuvre induise uniquement des questions vers nous-même, je ne souhaite pas donner d’explications.
un peintre dont j’ai oublié le nom disait : « Lorsqu’une œuvre à besoin d’une explication… souvent l’explication, n’a pas besoin de l’œuvre. » ».
Catherine Thiry offre donc pour chaque création un concentré de vie, d’émotions et d’instincts ; une bribe d’infini, comme elle le suggère elle-même. Son art est empirique avant tout et s’ancre dans une recherche du sensible.
La Galerie Hurtebize a choisi de défendre la beauté de sa poétique en proposant plusieurs pièces de l’artiste : des bustes, comme Sagace et Panacée, des portraits, comme Le Kid, Effigy ou Ma Parole, mais aussi d’autres types d’œuvres, comme Paradigm, Tempera et Lucid. Ces trois sculptures racontent le sentiment humain à travers l’emploi de la figure animale. Toutes ces pièces sont des bronzes originaux, dont la forme, la taille et la patine ont été soigneusement élaborées par leur créateur.
Venez découvrir notre parcours d’exposition où les œuvres des maîtres de l’abstraction Lyrique – Hans Hartung, Georges Mathieu, Pierre soulages, John Levée, Jean Miotte, Jacques Germain – s’accordent et interagissent dans une union parfaite avec le parterre de sculptures de Catherine Thiry. Thiry est une sculptrice de l’intensité, du geste fort, tout comme les lyriques ouvrirent la voie à la peinture du Moi sensible par une gestuelle spécifique. C’est cette même volonté de liberté d’expression et d’universalisme qui coordonne le dialogue des œuvres modernes et des sculptures contemporaines de la Galerie Hurtebize.
Marie Cambas
Galerie Hurtebize – 2019

